Utilisation des capteurs de glucose chez les non diabétiques
Une nouvelle revue menée par des chercheurs de l’UCL et de l’hôpital pour enfants de Birmingham met en lumière un manque de preuves concernant l’efficacité des moniteurs de glycémie continus (CGM) chez les personnes non diabétiques (PND).
Publiée dans Diabetic Medicine, cette étude souligne l’absence de données solides sur la précision des CGM dans la mesure de la glycémie chez les PND, ainsi que sur les bénéfices pour la santé de ces dispositifs.
De plus, les chercheurs avertissent que l’utilisation des CGM pourrait engendrer des effets indésirables, tels que l’anxiété liée à l’alimentation, et recommandent une régulation plus stricte.
Historiquement, les CGM ont révolutionné la gestion du diabète, en particulier pour les patients atteints de diabète de type 1, en permettant une surveillance continue de la glycémie et un ajustement précis de l’insuline via des pompes connectées. Ces dispositifs ont également été bénéfiques pour les diabétiques de type 2 sous insulinothérapie, offrant une alternative moins invasive aux tests sanguins traditionnels. Cependant, ces dernières années, les CGM ont été de plus en plus promus auprès des PND pour des objectifs liés au bien-être et à la gestion du mode de vie, malgré l’absence de preuve claire de leur utilité dans ces contextes.
Le Dr Adrian Brown, diététicien à l’UCL, explique que certaines entreprises commercialisent désormais les CGM dans le cadre de programmes nutritionnels personnalisés, prétendant aider à maintenir des niveaux “normaux” de glycémie grâce à des ajustements alimentaires et d’activité physique. Toutefois, il souligne que ce qui constitue un taux de glycémie “normal” varie d’un individu à l’autre, et même pour une même personne selon les circonstances. La précision des CGM, variable selon les modèles, est un autre facteur de préoccupation.
L’étude a examiné les recherches disponibles sur l’utilisation des CGM chez les PND, en analysant 25 études pertinentes publiées entre 1980 et 2023. Les chercheurs ont cherché à déterminer si les CGM sont efficaces pour mesurer les niveaux de glucose, la variabilité du glucose et les niveaux élevés de glucose chez les PND. Ils ont également exploré l’impact potentiel des CGM sur les comportements alimentaires. Les résultats montrent un manque de preuves de haute qualité et cohérentes pour soutenir l’utilisation des CGM chez les PND. Par exemple, peu de données existent sur la précision des CGM pour mesurer la glycémie ou détecter les fluctuations glycémiques dans cette population. De plus, il n’y a pas suffisamment de recherches sur la valeur et l’utilité des données obtenues via les CGM pour les PND.
L’examen a également révélé que l’utilisation des CGM chez les PND pourrait provoquer de l’anxiété concernant ce qui est considéré comme un régime alimentaire “normal” ou un taux de sucre dans le sang acceptable. Cette anxiété pourrait potentiellement conduire à des troubles alimentaires, comme l’orthorexie, une obsession malsaine pour la consommation d’aliments “purs”.
Un examen antérieur réalisé par les mêmes auteurs a révélé que la réglementation des CGM pour les diabétiques est ambiguë, tant au niveau national qu’international, ce qui complique l’évaluation de la précision de ces dispositifs. Pour les PND, la situation est encore plus incertaine. Les taux de glucose “normaux” pour les personnes sans diabète varient de 3,3 à 7,8 mmol/L, mais les CGM, même les plus précis, ont une marge d’erreur de 20 %, ce qui pourrait entraîner des lectures erronées, avec des implications psychologiques et comportementales négatives.
En conclusion, bien que les CGM soient prometteurs pour les PND, leur précision, les normes réglementaires et les impacts psychologiques des faux résultats ne sont pas bien compris. Malgré ces incertitudes, les CGM continuent d’être fortement promus, souvent sans mentionner les problèmes potentiels qu’ils posent. Les chercheurs appellent donc à une meilleure réglementation et à des recherches supplémentaires pour évaluer les risques et les bénéfices des CGM pour les personnes non diabétiques.
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